Cette basilique est le premier et le principal temple de Rome et du monde catholique. On l'appelle Basilique Costantiniennc, parcequ'elle fut fondee par Constantin le grand; Basilique du Latran, à cause du lieu où elle a été bâtie; du Sauveur parceque st. Silvestie la dédia au Sauveur, Basilique d'or, à cause des dons précieux dont on l'avait enrichie, enfin Basilique de st. Jean, parcequ'elle fut dédiee à st. Jean Baptiste et à st. Jean l'évangéliste dans le VII siècle.
La basilique primitive subsista pendant environ dix siècles; en 1308 elle fut presqu'entièiement détruite par un incendie, ainsi que le palais. Le pape Clément V qui résidait alors à Avignon, envoya une somme considérable, aussi elle fut bientôt rebâtie. Pie IV, ensuite, fit faire le beau plafond dore,et la façade latérale. Sixte V ajouta le portique à double étage sur les dessins de Fontana, on y voit la statue de Henri IV, roi de France, ouvrage en bronze de Nicolas Cordieri, de Lorraine. Clément VIII, flt renouveler la nef de la croisée, par Jacques de la Porte, et Innocent IV fit refaire la nef du milieu, par Borromini, qui enveloppa dans des piliers les anciennes colonnes de granit. Enfin Clément XII fit construire la façade principale, par Alexandre Galilei, elle est bâiie en travertin, et décorée par quatre grosses colonnes et par six pilastres d'ordre composite, qui supportent un entablement et un fronton; au dessus est une balustrade, sur laquelle sont placées dix statues colossales de différents saints, celle du Sauveur est an milieu. Entre les colonnes et les pilastres sont cinq balcons; de celui du milieu, qui est orné de quatre colonnes de granit, le pape donne la bénédiction pontificale, au peuple le jour de l'As-» cension; c'est un spectacle sublime, que la localité, et la vûe de la campagne et des montagnes des environs de Rome rendent encore plus imposant.
On entre par cinq portes dans un grand portique soutenu par 24 pilastres de marbre, d'ordre composite; au fond de ce portique, est la statue colossale de Constantin, trouvée dans ses thermes. Cinq portes aussi donnent l'entrée dans la basilique. La grande porte de bronze a été transportée ici sous Alexande VII; elle était alors à l'église de st. Adrien près de l'arc de Septime Sévère. La porie murée est nommée sainte, parcequ'elle ne s'ouvre que l'année du Jubilé. Des bas-reliefs, qui sont sur les portes, le st. Jean Baptiste annonçant la venue du rédempteur est de Miiinïj st. Zaccarie nommant st. Jean, qui est le bas-relief du côté opposé, est de Ludovisi; la décolation de st. Jean, est de Philippe Valle, et enfin celui dans lequel le même st. est representé fesant des reproches à Hérode sur son amour pour Hérodiade est de Pierre Bracci.
Cette église a cinq nefs, divisées par quatre rangs de pilastres : l'architecture est du Borrotnmi qui couvrit les anciennes colonnes avec douze énormes piliers, qui de chaque côté, forment cinq arcades correspondant à autant de chapelles; la nef du mileu est ornée des statues des douze apôtres placées dans des niches décorées de colonnes de vert antique. Parmi ces statues, celles de s t. Jacques le majeur, de st. Mathieu, de st. André, ct de st. Jean, sont du cher. Busconi; le st. Thomas et lest. Barthélemi, sont de Mr. le Gros; le st. Thadée, est de Laurent Ottoni; le st. Simon; est de François Maratti; le st. Philippe, est de Joseph Mazzuoli; le st. Jacques le mineur, est d'Ange de Rossi; le st. Pierre et le st. Paul, sont d'Etienne Monot.
Sur ces niches on voit autant de bas-reliefs en stuc, exécutés par Antoine Raggiet de Ange De-Rossi, dâprès les dessins de l'Algarde; ceux du côté droit représentent divers passages du nouveau testament, ceux du côté gauche representent des passages de l'annien testament. Immédiatement audessus de ces bas-reliefs sont placés douze tableaux de forme ovale, encadrés par des couronnes de stuc, ils représentent les prncipaux prophètes, dits majeurs, savoir: Nuhum, qui est le premier à droite en entrant est peint par Dominique Muratori; Michée, par C.hezzi; Jonas, par Benéliale; Abdia, pur Chiari; s- par Masini; Joël, par Garzi; Osée, par Odazzi; Daniel, par Procaccini; Ézéchiel, par Paul MeU.'hiori; Baruc, par Trévisani; Jérémie, par Sebastien Conca; Isaï, par Benoit Luti. Le beau plafond de cette nef fut execute par les ordres du pape Pie IV, de la maison Medicis; on en attribue le dessin à Buouarrotti.
La chapelle Corsini, qui est In première à gauche en entrant dans l'église, est une dos plus magnifiques de Rome: Clément XII l'erigea en l'honneur de st. Andre Corsini un de ses ancetres, et Alexandre Galilei, en fut l'architecte, il la décora d'un ordre co:-intien et la couvrit de marbres précieux. Sur l'autel, entre deux colonnes de vert antique, est un tableau en mosaïque, qui représente st. André Corsini, copie de celui du Guide qu: est au palais Barberini. Sur le frontispice de cet autel sont placées les figures de l'Innocence et de la Pénitence, sculptées par Pincellotti. Plus hant est un bas-relief où st. André Corsini est représenté défendant l'armée des Florentins, à la bataille d'Anghieri. La grande niche située du côtédel'évangile, est décorée par deux colonnes de porphyre, elle contient le beau mausolée de Clément \Jl où l'on voit la superbe urne antique de porphyre, qui était auparavant dans le portique du Panthéon d'Agrippa. Jeau Baptiste Mai ni modela la statue en bronze du pontife, et Charles Monaldi sculpta les deux figures latérales. On voit, vis-à-vis, le tombeau du cardinal Néri Corsini, sa statue, avec un Génie et la Religion assise, ouvrages de Maini. On trouve aussi dans cette chapelle, quatre niches avec des statues en marbre, représentant les vertus cardinales. Au dessus de chaque niche est un bas-relief en marbre; la tempérance est sculptée par Philippe Valle, et le bas relief audessus est de Bartèlemi Benaglia; la force est de Joseph Rusconi, et le bas-relief de Mr. Anastasio; la prudence es t deCornacchini et le bas -relief de Pierre Bracci; la Justice est deLironi et le bas-relief est de Mr. Adam. La coupole est tonte ornce de stucs dorés; le pavé est composé de marbres choisis, et la grille est presque tonte en bronze dore. Dans le souterrain de cette chapelle, reposent les cendres des illustres Corsini et sur l'autel on voit un beau groupe représentant le Christ mort, posé sur le sein de sa mère, scnlpté par Antoine Montanti.
En sortant de cette chapelle on revient dans la grande nef où est le tombeau en bronze de Martin V, de la maison Colonna, mort en 1 431 c'est l'œuvre de Simon sculpteur Florentin, frère de Donatello. Le grand arc de la même nef est soutenu par deux colonnes de granit rouge oriental, de la hauteur de 34 pieds. Le maître antel, placé d.ms le milieu de ta croisée, est orné de quatre colonnes de granit, qui soutiennent un tabernacle gothique, où l'on garde, parmi les reliques les plus insignes, les tè:es des ss. apôtres Pierrê et Paul, dans desreliquaireseu argent.
La voute de 1' abside est embellie par une grande mosaïque de figures et d'ornemens que INicolas IV fit faire en 1291, par Fra Jacopo de Turrita qui se fit aider par Fra Jacopo de Can:erino; les deux artistes se représentèrent en petite proportion dans les côtés inférieurs de cette mosatque, et le nom du premier est écrit audessus à gauche : mais cette œuvre étant restée imparfaite par la mort de Turrita, elle fut terminée par Gaddo Gaddi. Entre la vierge et la
petite figure de st. François, on voit le portrait de Nicolas IV à genoux, on le lit audessous. Au centre de cette tribune est un autel sur lequel on a placé, il y a peu de tempsi un beau tableau du chevalier Philippe Agricola, présent des Ducs Torlonia, il représente le Sauveur entre st. Jean Baptiste et st. Jean Evangéliste.
Au fond de la croisée entièrement renouvelée sur les dessins de Jacques de la Porta par Clement VIII, en 1600, on admire le magnifique autel du très saint Sacrement, exécuté par Pierre Paul Olivieri; il est décoré d' un tabernacle orné de pierres précieuses; il y a quatre belles colonnes de vert antique. Le grand fronton et l'entablement sont posés sur quatre colonnes canelées en bronze doré, d'ordre composite, ayant 13 palmes de circonférence. Plusieurs antiquaires croyent que ces colonnes sont celles qu'Auguste fit faire après la victoire d'actium, avec les bronzes des proues des Vaisseaux Egyptiens, posées au Capitole. Les quatre statues en marbre qui décorent cette chapelle sont sculptées, savoir : Elie par Mariani; Moïse par Vacca; Melchisedech par Egide Flamand; Aron par Sylla Milanèse; chacun de ces artistes a aussi sculpté le bas-relief de chaque statue. Sur le mur audessus de cet autel on voit l'ascension peinte par le chevalier d'Arpin; cet artiste est enterré dans cette église, son tombeau est derrière la tribune, près de celui d'André Sacchi. Entre les autres peintures qui ornent cette croisée; Constantin donnant les vases à la Basilique est peint par le chevalier Baglioni; l'apparition de l'image du Sauveur dans la basilique, par Paris Nogari; le triomphe de Constantin, par Bernard Cesari; l'apparition du prince des apôtres à cet empereur, par Nebbia; st. Silvestre cherche sur le mont Soratte. par ordre de Constantin, par Nogari; le baptême de Constantin, par Pomarancio; la construction de la basilique, par Nogari; la consecration de ce temple est peinte par Ricci de Novara. Les apôtres audessus sont des mêmes peintres, et les anges furent sculptés par Mariani, Buzi, Cordieri, Valsodino et Etienne Maderno. Dans la sacristie on doit observer un beau tableau de l'Assomption peint par Marcel Venusti, sur les dessins de Buonarrotti.
Dans la chapelle du chœur d'Hiver, située près de l'Autel du saint Sacrement, on doit remarquer le tombeau de Lucrèce Tomacelli, femme de Philippe Colonna, exécuté sur les dessins de Théodore de la Porta, les colonnes de ce monument sont de pierre de tourbe, les bronzes sont de Laurenziani. Le tableau de l'autel représentant le Sauveur avec st. JeanBaptiste et st Jeau-Evangéliste, est du chevalier d'-Arpin; la voûte fut peinte par Baltasar Croce; le portrait de Martin V à genoux, qui est placé sur un des côtés, est de Scipiou Gaetano. De l'autre partie de cette croisce est la chapelle de la Crèche, sujet representé avec beaucoup de taleut dans le tableau de l'autel, par Nicolas Trometta de Pesaro; la peinture à gauche représentant st. Pierre et st. Paul est du chevalier d'Arpin, et le monument à droite, exécuté par Antoine d'Este, est celui du cardinal Rezzonico. Les deux colonnes de jaune antique qui soutiennent l'orgue située sur la porte latérale de l'église, ont 40 palmes de Hauteur, elles sont canelées, et ce sont les plus belles que l'on connaisse de ce marbre. Dans cette eglise il y a plusieurs tombeaux; entre les monumens des beaux arts, il ne faut pas oublier la peinture qui représente Boniface VIII entre deux Cardinaux, publiant le jubilé de l'annce sainte 1300; on croit que cette peinmre est du Giotto, elle est placée sur la face postérieure du premier pilier à droite en eutrant par la porte principale.
Itinéraire de Rome et de ses environs, Volumi 1-2 - Mariano Vasi - 1842