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Place Saint Pierre au Vatican

Place Saint Pierre au Vatican
Place Saint Pierre au Vatican

Rome, 24 novembre. —

Ce matin, lorsque notre calèche a débouché du pont Saint-Ange, nous avons aperçu Saint-Pierre au bout d'une rue étroite. Napoléon avait annoncé le projet de marquer son entrée dans Rome par l'achat et la démolition de toutes les maisons qui sont à la gauche de cette rue. Il dit une fois que ce décret-là serait signé par son fils ; mais le monde s'est remis au petit pas, et le régime constitutionnel est trop sage pour faire jamais une aussi folle dépense.
Nous avons suivi cette rue droite, ouverte par Alexandre VI, et sommes arrivés à la place de' Rusticucci, sur laquelle, tous les jours à midi, la garde du pape monte la parade avec force musique et tambours, mais sans jamais pouvoir prendre le pas. Cette place s'ouvre sur l'immense colonnade formant deux demi-cercles à droite et à gauche qui annonce si bien le plus beau temple de la religion chrétienne. Le spectateur aperçoit à droite, au-dessus de cette colonnade, un palais fort élevé: c'est le Vatican. Il vaudrait mieux, pour l'effet de Saint-Pierre, que ce palais n'existât pas.
La place comprise entre les deux parties semi-circulaires de la colonnade du Bernin (mais, je vous en prie, ayez les yeux sur une lithographie de Saint-Pierre) est, à mon gré, la plus belle qui existe. Au milieu, un grand obélisque égyptien; à droite et à gauche, deux fontaines toujours jaillissantes, dont les eaux, apres s'être élevées en gerbe, retombent dans de vastes bassins. Ce bruit tranquille et continu retentit entre les deux colonnades, et porte à la rêverie. Ce moment dispose admirablement à être touché de Saint-Pierre, mais il échappe aux curieux qui arrivent en voiture. Il faut descendre à l'entrée de la place de' Rusticucci. Ces deux fontaines ornent cet endroit charmant, sans diminuer en rien la majesté. Ceci est tout simplement la perfection de l'art. Supposez un peu plus d'ornements, la majesté serait diminuée; un peu moins, il y aurait de la nudité. Cet effet délicieux est dû au cavalier Bernin, dont cette colonnade est le chef-d'œuvre. Le pape Alexaudre VII eut la gloire de la faire élever. Le vulgaire disait qu'elle gâterait Saint-Pierre.

La place ovale, dont les deux extrémités sont terminées par les deux parties de la colonnade, a sept cent trente-huit pieds de long sur cinq cent quatre-vingt-huit de large. Vient ensuite une place à peu près carrée, et qui fmit à la façade de l'égliseLa longueur totale de ces trois places qui précèdent SaintPierre est, à partir de la rue par laquelle on y arrive, de mille cent quarante-huit pieds.
Les deux portiques circulaires du Bernin se composent de deux cent quatre-vingt-quatre grosses colonnes de travertin et de soixante-quatre pilastres; ces colonnes forment trois galeries. Dans de certaines solennités, les carrosses des cardinaux passent sous celle du milieu. La base des colonnes est d'ordre toscan; le fût, d'ordre dorique, et l'entablement, d'ordre ionique ; elles ont trente-neuf pieds deux tiers de haut. Les deux portiques semi-circulaires ont cinquante-six pieds de large et cinquante-cinq de hauteur. La balustrade supérieure est ornée de cent quatre-vingt-douze statues de douze pieds de haut, comme celle du pont Louis XV. Les statues de Rome sont en travertin ; elles furent faites sous la direction du cavalier Bernin, et présentent des mouvements assez ridicules, mais on ne les regarde pas ; et, comme elles sont bien pla- ' cées, elles contribuent à l'ornement.
L'homme qui nous apprend le plus de choses sur l'antiquité, parce qu'au lieu de faire des phrases comme Cicérou il conte net, Pline, nous dit que Nuncoré, roi d'Egypte, fit élever dans la ville d'Héliopolis l'obélisque qui est à Saint-Pierre. Caligula le fil transporter à Rome; on le plaça dans le cirque de Néron, au Vatican. Constantin bâtit sa basilique de Saint-Pierre sur une partie de l'emplacement de ce cirque ; mais, jusqu'en 1586, l'obélisque, chose étonnante, resta debout dans le lieu où Caligula l'avait mis, c'est-à-dire à l'endroit où se trouve maintenant la sacristie de Saint-Pierre, bâtie par Pie VI.
En 1586, presque un siècle avant la construction de la colonnade, Sixte-Quint fit placer l'obélisque où il se voit aujourd'hui. Ce transport, qui coûta deux cent mille francs, fut exécuté par l'architecte Fontana, au moyen d'un mécanisme admirable, que, de nos jours, personne ne pourrait inventer, ni peut-être imiter. A la fin du moyen âge, on a transporté jusqu'à des clochers à une distance de soixante ou quatrevingts pas du lieu qu'ils occupaient d'abord *. L'obélisque du Vatican a soixante-seize pieds de haut et huit pieds dans sa plus grande largeur. La croix qui le surmonte est à cent vingtsix pieds du pavé. Cet obélisque n'a point d'hiéroglyphes; il n'est pas le plus grand de ceux de Rome, mais quelques personnes le regardent comme le plus curieux, parce que, n'ayant jamais été renversé, il a été conservé dans toute son intégrité.
Aux côtés de l'obélisque, on voit les deux fontaines. Les brillantes pyramides d'écume blanche qui s'élèvent dans les airs retombent dans deux bassins formés chacun d'un seul morceau de granit oriental de cinquante pieds de circonférence. Le jet le plus élevé monte à neuf pieds.

Promenades dans Rome - Stendhal - 1858

PLACE DE ST. PIERRE AU VATICAN

Lorsqu' on arrive pour la première fois sur cette place, après avoir traversé des rues, qui par leur apparence contrastent sensiblement avec la magnificence qu'on s'attend à trouver dans le Vatican, ou est frappé d'un étonnement et d'une admiration, qui tiennent de l'enchantement. Car tout-à-coup on se croit transporté dans un autre monde* D'abord s'ouvre une aire immense, longue d'environ 1074 pieds, et partagée en trois sections: la première qui est fort-modeste, et qui ressemble à toute autre place, est sans aucun ornement, elle a 246 pieds de longueur sur 204 de largeur. Elle introduit dans la grande place, qui est parfaitement régulière et de forme elliptyqur, c'est le chef-d'œuvre de l'architecture de Rome moderne: cette place est flanquée d'une colonnade colossale d'ordre dorique, formée par quatre rangs de colonnes de chaque côté, elles forment trois allées, dont celle du milieu , toujours accessible aux voitures et aux chevaux, est assez large , pour que deux voitures puissent aiscment y passer de front : dans ces portiques on compte jusqu' à 284 colonnes, ils ont 56 pieds de largeur et 61 de hauteur, et sont couronnés par une balustrade, sur laquelle on a placé 192 statues colossales de 11 pieds et demi de hauteur : elles représentent plusieurs saints, et ont été faites sous la direction du Bernin. Cette seconde section de la place a environ 738 pieds de longueur et 588 de largeur. La troisième section, qui precède immédiatement la basilique , a la forme d'un trapèze régulier qui sert comme d'atrium à l'église, et qui se joint à la colonnade décrite ci-dessus: elle est ornée de fenêtres et de pilastres, et a 296 pieds de longueur sur 366 de largeur.
La place ovale , c'est-à-dire celle de la colonnade est décorée an milieu par un obélisque, qu'on appelle L' OBÉLISQUE DU VATICAN.
Cet obélisque, de granit d' Egypte , n'est pas le plus grand de Bome, et n'a pas d' hiéroglyphes , cependant il a le mérite d'être le seul qui, n'ayant pas été renversé, s'est conservé dans toute son intégrité. On a dit qu' il fut élevé par Nuncoré , fils de Sésostris, roi d'Egypte, dans la ville d' Héliopolis , mais n'ayant pas d' hiéroglyphes , contre 1, usage constant de ceux qui furent réellement érigés par les anciens roi d'Egypte, il est certain que ce n'est qu'une imitation. Caligula le fit transporter à Rome sur un vaisseau qui ensuite fut coulé à fond pour la construction du port d'Ostie. Cet empereur le fit placer dans son cirque du Vatican, qu'on appella aussi de Neron, parceque cet empereur devint l'héritier d'Agrippine sa mère , sœur de Caligula. Malgré les dévastations, que ce cirque éprouva dans les siècles de barbarie, l'obélisque resta toujours debout dans l'emplacement où il avait été élevé, c'est-à-dire, dans l'endroit où est maintenant la sacristie de st. Pierre. Sixte V, voyant qu'il était digne d'être placé en face de la basilique, en 1586 le fit transporter sur cette place , sous la direction de Dominique Fontana , qui par un mécanisme admirable rénssit parfaitement dans cette opération. La dépense de ce transport, malgré la proximité, mouta à environ deux cent quatorze mille francs. La hauteur de cet obélisque est de 72 pieds, et son plus grand diamètre est de 8 pieds 4 pouces; en le mesurant de terre jusqu'au bout de la croix, il a 126 pieds. Sur le côté qui regarde la façade du temple et sur le côté opposé on lit la dédicace faite par Caligula à Auguste et à Tibère.
Sur la place, aux deux côtés de l'obélisque, sont deux fontaines magnifiques et uniformes. faites sur les dessins de Charles Maderno : elles jettent, à la hauteur d'environ neuf pieds , une grande quantité d'eau , qui tombe dans un bassin rond d'une seule pièce de granit oriental de la circonférence de 50 pieds, et retombe dans nu autre bassin octogone de travertin, qui a 89 pieds de circonférence. Cette eau vient de l'aqueduc de l'eau Trajane ou Pauline.
Au milieu de la troisième place, c'est-à dire de celle qui précède immédiatement l'église, s'élève un magnifique escalier de marbre, divisé en trois rampes, par lequel on monte à la basilique. Aux angles de cet escalier on voit deux statues d'un style , qui ressent encore la roideur de l'art primitif: l'une represente st. Pierre et l'autre st. Paul : Pie II les fit faire par Miuo de Fiésole , et les plaça d'abord devant l'escalier de l'ancieune basilique.

Itinéraire de Rome et de ses environs, Volumi 1-2 - Mariano Vasi - 1842